A mon tour... difficile, pourtant, de se rappeler de quand date le tout premier intérêt pour les dessous des filles... de la cour de récréation à l'école primaire, quand les jupes volent pendant les jeux et les bousculades ? de la rencontre des cousines pendant les grandes vacances et une, plus délurée que les autres, s'amuse à vous aguicher en soulevant sa robe ? de l'arrivée d'une soeur dotée de lingerie moins rustique que la sienne ? Un peu de tout cela à la fois, sans doute... Mais de l'intérêt attisé à la passion assouvie, il peut se passer un monde, en tout cas chez moi où l'éducation était extrêmement stricte et les tabous tellement puissants que jamais, au grand jamais, je ne me serais risqué dans l'armoire maternelle, j'aurais eu l'impression de violer un sanctuaire interdit... Alors plus tard, bien plus tard, au temps de l'adolescence : un couple qui vient passer quelques jours de congés chez nous, la femme menue mais joliment faite, des tenues affriolantes si bien qu'un jour, les adultes au dehors, une porte laissée entrouverte, comment ne pas entrer... Et là, au sommet d'une pile rangée dans la valise, une toute petite culotte de dentelle rouge, tellement minuscule que je ne comprends même pas comment la dame en question peut la porter. Le rouge aux joues et le coeur battant je me risque, essaie, enfile... et la retire presque aussitôt, l'émoi est tellement violent que je risquerais de me laisser aller. Une sensation puissante, une émotion intense, la certitude qu'on vient de goûter à quelque chose de très secret de soi ; mais aussi l'angoisse d'avoir bravé une interdiction millénaire, une peur mêlée de gêne si forte qu'il se passera ensuite des décennies avant que le désir triomphe de la tension et que, rassuré par l'anonymat de l'achat virtuel, je ne fasse l'acquisition de ma toute première pièce de lingerie... Ni rouge ni de dentelle, pourtant : une culotte très simple en polyamide blanc qui se trouve être bradée sur le site que je visite. Elle n'en sera pas moins terriblement troublante lorsque je l'essaierai, tellement que je recommencerai encore et encore, jusqu'au jour où j'ai compris que je ne pouvais pas vivre sans porter chaque jour une pièce de lingerie féminine, et c'est à partir de ce moment que j'ai commencé une collection qui n'est pas prête de s'arrêter..